lundi 5 mars 2012

Zébu malagasy: C’est l’alerte rouge selon le parti vert

9 687 342 têtes. C’est le dernier chiffre sur le cheptel bovin d’après le recensement agricole datant de 2005. A l’indépendance, le ratio était 1 zébu pour 1 personne. 52 ans plus tard, la situation est alarmante : on a 0,4 zébu pour 1 personne si l’on estime la population malagasy à 20 millions d’âmes. Si l’effectif moyen par exploitation a dépassé les 8 têtes en 2005, il est sûr qu’il régresse actuellement. Devant ce recul, le parti vert Hasin’i Madagasikara renoue avec les conférences-débats qui abordent des thèmes liés au développement socioéconomique. Vendredi prochain, il organisera à son siège à Mamory une conférence sur l’«Alerte rouge sur l’avenir du zébu malagasy ». Les conférenciers seront Léopold Rakotomalala, expert en système d’élevage pastoral, et Fernand Mosa, technicien en agriculture et élevage. Alors que Madagascar est censé être un pays à vocation agricole, le zébu, une des richesses économiques et socioculturelles, perd du terrain depuis plusieurs décennies. Il n’a pas fait l’objet de beaucoup de recherches. Par contre, l’Etat a eu souvent recours à des importations de races étrangères et à des recherches basées sur des croisements et autres améliorations génétiques destinés à ces races-là.
Pour aggraver la situation, l’Etat a accepté, sous la férule du FMI et de la Banque mondiale, la privatisation des services vétérinaires dans les années 90. A l’époque déjà, le poids moyen du zébu n’atteignait pas les 300 kg. La situation ne peut qu’empirer avec la privatisation. Les questions sanitaires posent ainsi des problèmes. Mais il y a aussi le phénomène « dahalo » ou les actes de banditisme essentiellement tournés vers les vols de zébus. Dans la plupart des cas, il compte des réseaux mafieux dont les activités démarrent dans les villages des éleveurs, premières victimes de ces réseaux. Ceux-ci ont des ramifications au niveau des différentes autorités concernées et ce, jusqu’aux marchés finaux dont notamment la capitale et les grandes villes. La reprise de l’exportation de zébus sur pied attise aussi le phénomène « dahalo » dans certaines régions comme l’Amoron’i Mania, la Haute-Matsiatra… En revanche, des zones rouges comme le Melaky et le Menabe ont instauré dernièrement des pactes communautaires (« dina »). De quoi endiguer quelque peu les vols, du moins pour le moment.
Voilà pourquoi l’effectif de zébus arrivés sur le marché de Tsiroanomandidy (un des plus grands marchés à zébus du pays) tend à diminuer depuis 2011 selon des autorités sur place. Les éleveurs préfèrent garder leur cheptel pour en tirer le maximum de bénéfices, au lieu de les céder à un âge où les animaux n’atteignent même pas le poids souhaité par les acheteurs. C’est l’une des raisons pour lesquelles le prix de la viande sur le marché de la capitale a affiché une série d’augmentations l’année dernière. En fait, les différents responsables de l’amélioration de la race locale et de la sécurité ont du pain sur la planche.