jeudi 14 juin 2012

Anja, la communauté qui a sauvé sa forêt grâce au tourisme

La communauté d'Anja, à Madagascar, vient de recevoir une récompense des Nations unies pour avoir réussi à sauver sa forêt et sa faune grâce à l'écotourisme, un exemple des promesses de l'économie verte qui sera à l'ordre du jour du sommet du développement durable à Rio. L'écotourisme rapporte à cette communauté de 2.500 habitants environ 30.000 euros par an. Grâce à l'argent du tourisme, l'association finance des patrouilles de surveillance du parc, le recensement des espèces qui y vivent, le reboisement de la forêt, mais aussi un système de protection sociale pour les handicapés et les personnes âgées. La communauté est aujourd'hui autosuffisante pour son alimentation. Les communautés vont lancer un cri d’alarme à Rio Onze ans plus tard, les Nations unies viennent de décerner à «Anja Miray» le «Prix Equateur», qui récompense 25 communautés dans le monde pour leur travail sur la protection de la biodiversité et la promotion de l'écotourisme. Du 20 au 22 juin, des représentants d'Anja partiront recevoir leur prix à Rio de Janeiro, où près de 130 chefs d'Etat et de gouvernement seront réunis pour la Conférence des Nations unies sur le développement durable, 20 ans après le Sommet de la Terre. Avant le départ de leurs représentants pour Rio pour recevoir leur prix, les habitants d'Anja ont célébré une fête avec une quarantaine de représentants de plus de 400 communautés locales de tout le pays. «Je ressens de la fierté pour cette communauté», dit Fatma Samoura, coordinatrice des Nations unies à Madagascar, qui était invitée. Mais ce succès ne fera école que s'il existe une véritable volonté politique du gouvernement. «Aujourd'hui ces communautés, à travers la déclaration qu'elles vont faire à Rio, vont néanmoins lancer un cri d'alarme, en leur disant écoutez, nous, nous avons pris l'option de ne pas être dépossédés de notre terroir, mais nous aimerions également que les autorités malgaches puissent vraiment nous aider à rester chez nous et à produire tout en sauvegardant la nature». Mes lémuriens sont de retour Au début des années 1990, la moitié des 13 hectares de la forêt d'Anja avait été coupée illégalement, avec des conséquences dramatiques: baisse des réserves d'eau, assèchement des rizières, ensablement des champs. Les lémuriens s'étaient enfuis, et les rares qui restaient, parfois, étaient mangés par les villageois au bord de la famine. Face au désastre, les habitants créent en 2001 une association: «Anja Miray» («Communauté d'Anja», qui regroupe six villages). Les Nations unies, avec diverses ONG internationales et malgaches, lui font un don d'environ 30.000 euros. Dans le but de responsabiliser la communauté de base elle-même de l'intérêt économique de protéger son environnement. Un bonnet vissé jusqu'aux yeux, Mamy affronte le vent et la pluie de l'automne austral, en montrant fièrement trois montagnes de granit grises collées les unes aux autres: la fierté de la communauté d'Anja. «C'est un endroit particulier» dit Mamy, né au village, et aujourd'hui guide dans ce parc naturel. «On va voir des lémuriens, des grottes, des tombes ancestrales, des caméléons, des oiseaux, des papillons, et aussi des plantes médicinales», annonce-t-il. Dans les montagnes, un dédale de couloirs dans la pierre. «Ici, vous voyez, ces cornes de zébus marquent l'entrée d'une tombe». Un peu plus loin, le guide regarde en l'air. Des lémuriens blancs et noirs sautent d'arbre en arbre: «Ce sont des lémuriens Maki-Katta. Katta vient de l'anglais cat, car ils ressemblent à des chats.» Aujourd'hui, 300 lémuriens vivent dans le parc d'Anja. Il y a vingt ans, ils étaient sur le point de disparaître.