mercredi 21 mars 2012

Carole Sattler met de l'éthique dans la botanique à Madagascar

À 27 ans, la jeune femme a reçu le premier prix Terre de Femme de la fondation Yves-Rocher. Une récompense couronnant son travail sur l'ethnobotanique à Madagascar.

Les études de pharmacie peuvent mener au bout du monde. Lorsqu'elle a fait son entrée à la fac de pharma de Lille II, Carole Sattler n'imaginait sans doute pas être reçue, six ans plus tard, en grande pompe par un géant de la cosmétique. Pas la peine de se pincer pour y croire, tout ce qui lui arrive est pourtant bel et bien réel. « Depuis une semaine, je suis sur un nuage », confie la jeune femme. Lors de la journée de la femme, elle a été couronnée par la fondation Yves-Rocher qui récompense chaque année des femmes luttant au quotidien pour la protection de l'environnement.


« Laisser une trace »
Carole Sattler a été récompensée pour un projet mené à Madagascar autour de l'ethnobotanique. « On s'intéresse à la relation entre les hommes et les plantes médicinales », poursuit-elle. Grâce à un partenariat déjà existant entre la région Nord-Pas-de-Calais, et celle d'Analanjirofo dans le Nord-Est de l'île, un premier voyage est organisé en 2009. Deux autres suivront. Sur place, Carole et l'équipe de l'Association de valorisation de l'ethnopharmacologie en régions tropicales et méditerranéennes (AVERTEM) travaillent main dans la main avec les habitants. Le projet évolue en concertation avec ceux qui sont sur place. « Nous avons réalisé un espace pédagogique sur les plantes utilisées par les locaux, un film sur la biodiversité, nous avons aussi recensé les plantes médicinales pour laisser une trace dans un pays où la transmission orale est encore très ancrée. »
Prochain départ en juin
Passionnée par la nature et les plantes, Carole Sattler garde une ligne de conduite bien précise, les travaux réalisés sur place doivent bénéficier avant tout aux Malgaches. Pas question de s'approprier le savoir ancestral des habitants de la forêt. « On a voulu remettre de l'éthique dans l'ethnopharmacologie car il y a eu des abus, explique-t-elle. Des plantes utilisées depuis des millénaires ont été prises juste pour faire de l'argent. » Cette récompense ne marque pas pour autant la fin du travail d'AVERTEM. Si une antenne a été créée sur place pour poursuivre le travail commencé par l'équipe de Carole, l'aventure est loin d'être terminée. « Il y a encore beaucoup de plantes à explorer, à chaque voyage on découvre de nouvelles choses à étudier. Désormais on veut notamment se pencher sur les plantes médicinales en voie de disparition. » Auréolée de la précieuse distinction de la fondation Yves-Rocher, Carole a déjà prévu de retourner à Madagascar pour un séjour de trois mois en juin.