mardi 22 mai 2012

Un nouveau virus frappe l’aquaculture dans l’océan Indien

Le white spot syndrome virus est apparu pour la première dans notre sous-région au Mozambique l’année dernière. Il vient d’être détecté cette fois à Madagascar. La maladie tue les crustacés, notamment les crevettes d’élevage. Les fermes aquacoles touchées chiffrent les pertes en millions d’euros. White spot syndrome virus (WSSV) ou maladie des points blancs. Jusqu’en 2011, l’océan Indien était l’une des dernières régions au monde épargnée par cette épizootie qui touche plus de quarante espèces de crustacés sur la planète. Aujourd’hui, notre sous-région Indien est bel et bien contaminée à son tour. Les premiers cas ont été signalés fin août, l’an dernier, dans une ferme réunionnaise installée dans la région de Quélimane, au Mozambique. La structure implantée par Aquapesca (groupe Océinde) s’est vue contrainte de stopper net sa production de crevettes bio. Cette information communiquée à l’Organisation mondiale de la santé animale avait à l’époque fortement inquiété les autorités de Madagascar, à juste titre puisque la filière crevettes s’est développée dans les mangroves de la côte ouest de la Grande Ile, à moins de 700 km des côtes mozambicaines. Le gouvernement malgache avait immédiatement interdit toute importation de crustacés du Mozambique ainsi que toute introduction de produits transformés ou de matériels ayant servi à leur manipulation. Madagascar touchée à son tour Mais la barrière douanière n’aura pas eu l’effet escompté. Le laboratoire de pathologie aquacole de l’Université d’Arizona (Etats-Unis) vient en effet de confirmer le premier cas malgache. Le virus a été détecté le 5 mai dans une ferme du Menabe, proche de Morondava, propriété du groupe Aquamen EF, l’un des deux poids lourds du secteur sur la Grande île aux côtés du groupe Unima. Un désastre potentiel pour la filière. Car le virus est mortel pour les crevettes à plus de 75%. « Nous avons dû isoler la ferme et pêcher 100% des crevettes pour les brûler » explique un responsable de la ferme du Manabe. « Nous avons perdu un cycle complet, soit environ 300 tonnes. C’est comme une catastrophe climatique ». Estimation des pertes selon le magazine économique Marchés Tropicaux et Méditerranéens : plus de 3,5 millions d’euros. 3 milliards de dollars de pertes par an Le white spot syndrome virus n’est pas la seule maladie susceptible de contaminer les élevages aquacoles mais elle est certainement l’une des plus coûteuses. En 2002, un rapport international estimait les pertes à plus de 3 milliards de dollars par an sur la planète. Certains pays précédemment touchés comme Taiwan ont vu leur production divisée par trois après la contamination. Les enjeux financiers de la bio-sécurité sont donc très importants pour la filière. A titre indicatif, les crustacés ne représentent que 10 % du volume des produits de la mer du Mozambique mais contribuent en valeur à 75 % des exportations et représentent tout de même un chiffre d’affaires annuel de 51,8 millions de dollars. En 2010 à Madagascar, la sous-filière crevettière a généré à l’export environ 50 millions de dollars de recettes. Elle représentait cette même année plus de 3500 emplois directs.