mercredi 11 janvier 2012

La consommation de viande de cétacés est en augmentation dans les pays pauvres


Tandis que les hostilités battent leur plein entre les bateaux de Sea Shepherd et les baleiniers nippons, sous pression après le succès retentissant début 2011 de la campagne No Compromise, une question se pose. Pourquoi diable les autorités japonaises, arguant de motivations scientifiques qui ne trompent plus personne et qui auraient poussé le vice jusqu’à financer cette pratique sordide à partir du fonds national d’aide à la reconstruction constitué après le passage du tsunami, persistent-elles à violer le moratoire commercial qu’a institué l’affligeante CBI (Commission baleinière internationale) sur la chasse à la baleine en 1986, alors même que celle-ci n’est plus rentable aux dires des associations de protection de l’environnement ?

Les allégations de ces dernières quant à la pertinence économique de la capture de cétacés doivent tout de même être nuancées si l’on s’en réfère à l’étude relative à la consommation de mammifères marins dans les États du Sud qu’ont rédigée deux écologistes canadiens et américains. Sur la base de neuf cents sources documentaires qu’ils ont méthodiquement compilées pour établir un rapport exhaustif sur les types et le nombre de mammifères ingérés chaque année dans le monde, Martin Robards, membre de la Wildlife Conservation Society, en Alaska (États-Unis), et Randall Reeves, d’Okapi Wildlife Associates, au Québec (Canada), ont fait état d’une augmentation de la consommation de viande de cétacés dans les pays pauvres.

«Traditionnellement, on pense au Japon ou aux indigènes de l’Arctique en tant que grands consommateurs. Ils le sont mais cela ne s’arrête pas là », résume M. Robards. Un phénomène qui s’expliquerait par la surpêche, à l’origine d’une dégradation des ressources halieutiques côtières amenant les populations à rechercher d’autres sources de protéines, et par une recrudescence des captures accidentelles. Si, paradoxalement, la chasse aux cétacés a globalement diminué au cours des quatre décennies écoulées, de la chair d’au moins quatre-vingt-douze espèces (parmi lesquels des dauphins) a été mangée par l’Homme entre 1970 et 2009. Birmanie, Brésil, Colombie, Inde, Madagascar, Pérou, Sri Lanka : rares sont les pays du Sud a ne pas être concernés par cette tendance.

Ces changements d’habitudes alimentaires s’inscriront dans les moeurs si aucune mesure forte n’est prise pour endiguer l’excès de captures. À bon entendeur.