dimanche 8 janvier 2012

Vincent Prié chasseur de chauves-souris



Atrente-six ans, Vincent Prié est un biologiste comblé. Après s'être investi dans plusieurs expéditions naturalistes en territoires vierges (Santos, Sulawesi, Win-Timdouine, Makay), il vient de décrocher la plus belle récompense pour un taxinomiste : une nouvelle espèce à son nom, le gastéropode asiatique Fluviopupa priei. « Je suis prêt à toutes les folies pour explorer des terres inconnues où la science a encore un espoir d'enrichir le catalogue du vivant. » Attaché au Muséum national d'histoire naturelle, ce thésard au parcours atypique (docteur en philosophie, guide de safari et maintenant spécialiste des chauves-souris pour le bureau d'études Biotope) ne rate pas une occasion de se frotter aux pires éléments. « Je ramène du matériel biologique à étudier pour les scientifiques plus frileux : tissus, coquilles, prélèvements sanguins... » Pour piéger ses individus, le chercheur opère de nuit dans « l'enfer vert », souvent à mille lieux des premiers secours. A la lueur des frontales, il doit pénétrer les ténèbres hostiles des forêts primaires et des grottes humides propices aux terreurs nocturnes. « L'imagination qui vagabonde dans le noir fait parfois surgir de drôles d'angoisses », reconnaît-il. Sans compter les dangers bien réels de la forêt : une charge animale sur l'oasis lumineuse de la lampe torche, la rencontre d'un félin en chasse, les insectes venimeux, le risque d'égarement dans l'obscurité, sans compter les morsures souillées de ses proies... A Madagascar, une roussette de plus d'un mètre d'envergure a troué ses gants épais. Dans sa salive, heureusement, ni rage ni Ebola.