vendredi 19 août 2011

GUIDE SUR LES CHAUVES-SOURIS

Dans son livre dédié aux chauves-souris de Madagascar, l’auteur le Dr Steven Goodman a rassemblé les différentes informations relatives à ces espèces qui jouent un rôle écologique et leur conservation nécessite un grand intérêt. Tout cela, non seulement pour le bien-être des populations mais surtout pour la régénération naturelle des forêts du pays.

L’association « Vahatra », basée à Antananarivo, a entamé la parution d’une série de guides qui couvrira plusieurs sujets sur la biodiversité de Madagascar. « Nous sommes vraiment convaincus que, pour informer la population sur leur patrimoine naturel, et pour contribuer à l’évolution vers une perception plus écologique de l’utilisation des ressources naturelles et à la réalisation effective des projets de conservation, la mise à la disposition de plus d’ouvrages pédagogiques au public à des prix raisonnables est primordiale », selon un responsable de l’association, Achille Raselimanana. Pour la première fois, le livre intitulé « Les chauve-souris de Madagascar : guide de leur distribution, biologie et identification » fait partie de la série des guides de l’association, œuvres de Steven M. Goodman, un chercheur précurseur dans le cadre de la recherche sur les chauves-souris de Madagascar.

Dans la préface du livre, Merlin D. Tuttle, fondateur du Bat Conservation International, a révélé que Madagascar abrite 43 espèces de chauves-souris dont un peu moins des 3/4 sont endémiques du pays. Dans les aires protégées de l’Ankarana, l’on recense 14 espèces de chauve-souris et elles sont d’une grande variété, des roussettes géantes de plus d’un mètre d’envergure aux minuscules chauves-souris à queue gainée qui sont plus petites que notre petit doigt. Les chauves-souris se classent parmi les mammifères vivants ayant la plus longue durée de vie au monde pour leur taille. Mais elles font aussi partie de celles dont la reproduction est la plus lente, la plupart n’ont des petits qu’une seule fois par an.

Espèces vulnérables à l’extinction

Bien que les chauves-souris forment de grandes colonies dans les cavernes et vivent dans les creux des arbres, les grottes, les falaises et les structures humaines, il s’agit d’un groupe de vertébrés volants qui joue un rôle écologique dont les « Ramany », « Karanavy » ou « Kapity », qui chassent les insectes nuisibles à la culture et à la santé comme les moustiques et les mouches. En ce qui concerne les espèces frugivores « Fanihy » ou « Manavibe », ils dispersent les graines de fruits dans les forêts jusqu’à une centaine de kilomètres. Cependant, il y a beaucoup de pressions humaines sur ces animaux et l’avenir de certaines espèces est en péril. Les chauves-souris font partie des mammifères les plus vulnérables à l’extinction grâce aux différentes menaces de destruction de leur habitat. Certaines d’entre elles sont victimes de la chasse et d’autres ont été inutilement tuées lorsqu’elles perdent leurs perchoirs naturels dans les creux des vieux arbres à cause de la dégradation des ressources forestières.

Or, Steven Goodman a été le précurseur dans la préconisation de la construction de perchoirs artificiels pour les chauves-souris. Dans son livre, l’auteur partage son enthousiasme pour les chauves-souris en dévoilant les mythes et les rôles essentielles de ces espèces dans le maintien de la santé des écosystèmes et de l’économie humaine. « Les espèces qui se nourrissent de fruits et de nectar dispersent des graines permettant ainsi la pollinisation des fleurs, primordiale pour le maintien et le rétablissement des habitats forestiers critiques de Madagascar ». Concernant les chauves-souris frugivores, en particulier, elles jouent un rôle très important dans la dissémination des graines vitales à régénération de la forêt malgache. Grâce au travail de Steven Goodman, les chauves-souris de Madagascar sont finalement reconnues comme des alliés essentiels et de bons voisins. Elles comptent également parmi les animaux les fascinants du pays.

Les chauves-souris en chiffres

43 espèces de chauves-souris sont recensées à Madagascar, ce qui constitue une augmentation de 38% des espèces connues dans un intervalle de 15 ans, faisant état de 27 espèces trouvées dans toute l’île. Ensuite, le niveau d’endémisme s’est accru, passant de 59% en 1995 à 73% vers la fin de l’année 2010. Certaines espèces consomment des moustiques et différentes sortes de mouches, soit une chauve-souris peut capturer de 500 à 1.000 moustiques en une heure. Par exemple, les calculs faits sur une colonie de 30.000 chauves-souris du Sud-Est des Etats-Unis estiment que ces animaux consomment 50 tonnes d’insectes par an dont 15 tonnes de moustiques. Pour dire que ces animaux peu connus et apparemment mystérieux offrent un service bénéfique surtout pour la santé humaine.


La publication du guide sur « Les chauves-souris de Madagascar » a permis de faciliter l’accès des populations sur son patrimoine naturel. Plus d’explications avec le conseiller scientifique de l’association « Vahatra », le Dr Steven Goodman.

Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser ce guide ?

Steven Goodman : Madagascar étant un pays très réputé de son endémicité en biodiversité, il s’avère indispensable de mettre à la disposition des populations un guide pour les faire découvrir les richesses naturelles de la Grande île. Les Malgaches doivent avoir accès à leur patrimoine naturel grâce à la publication d’un guide couvrant plusieurs sujets sur la biodiversité. Pour cela, le guide constitue un outil pédagogique pour les élèves des écoles primaires et secondaires ainsi que pour les étudiants et enseignants-chercheurs.

Pourquoi avez-vous choisi les chauves-souris ?

Le choix de la chauve-souris vise à expliquer ses avantages mal compris par certains gens comme étant des animaux puants ou encore éléments du film Dracula. Or, visiblement ce sont des créatures extraordinaires. L’objectif est de faire connaître que la chauve-souris constitue un élément indispensable au fonctionnement de l’écosystème forestier et la pollinisation du baobab. Pour dire que les chauves-souris, étant un groupe de vertébrés volants, ont un rôle écologique important et une mode de vie extraordinaire impressionnante dont les hommes n’arrivent pas à comprendre.

Comment avez-vous fait pour convaincre les lecteurs ?

Le guide a été écrit en langue française en utilisant des mots et de langage simple facile à comprendre, sans négliger les photos pour illustrer les articles. Un glossaire a également été mis à la disposition des lecteurs pour expliquer les mots techniques et scientifiques désignant les espèces. Le guide est disponible pour les chercheurs et ceux qui s’intéressent à la biodiversité, un patrimoine naturel qui fait la réputation du pays. Deux autres guides sur les petits mammifères et les oiseaux sont actuellement en cours de finition et seront publiés vers la fin de cette année.

Quel est votre objectif en publiant ce guide sur les chauves-souris ?

Parmi les objectifs figure l’élaboration d’un plan et d’un statut de conservation des espèces dont ceux des chauves-souris sont en cours d’étude. Concernant le groupe des vertébrés volants, la publication de ce guide permettra de partager des informations sur le rôle écologique qu’apportent les chauves-souris pour le bien-être de la population et le développement des ressources forestières.

Loi et réglementation

Le décret 2006-400 signé le 13 juin 2006 portant classement des espèces de la faune sauvage assigne une nouvelle protection de la vie sauvage dont les chauves-souris. Dans le cadre de cette loi, les chauve-souris sont classées dans la Catégorie III et soumises aux contrôles des saisons de chasse. En 1975, Madagascar a ratifié la convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites) et vu que les chauves-souris dont les espèces Pteropus rufus sont concernées par cette convention, elles sont soumises aux contrôles stricts relatifs au commerce international.