mardi 20 septembre 2011

Education environnementale: Les discours ne collent pas aux réalités

Depuis les programmes environnementaux démarrés au début des années 90, des financements importants ont été engloutis dans l’éducation et la sensibilisation sur la nécessité de préserver l’environnement. Sur la même période, la déforestation a reculé selon les données de la Banque mondiale, mais la situation en matière de préservation est loin de déboucher sur des réalités positives. Hier à la présentation du festival « Mifohaza Masoala » à Analakely, le chanteur Théo Rakotovao, fondateur du groupe Mikea a souligné : « Les grands-parents, les parents tout comme les enseignants n’ont jamais été éduqués à préserver l’environnement, comme il se doit. C’est normal si les enfants sont dans la même situation et si les petits garçons n’hésitent pas à engager des combats à mort de caméléons, à chasser les oiseaux, etc. Lorsque les projets et ONGs descendent sur le terrain pour l’éducation et la sensibilisation environnementale, ils parlent de couche d’ozone, de réchauffement climatique… Des discours incompréhensibles et éloignés des préoccupations et des aspects culturels de la population ». A son avis, l’éducation environnementale devrait faire partie intégration des programmes scolaires. Et pour les campagnes sur terrain, il propose le partenariat entre des natifs qui comprennent au mieux les réalités et cultures locales et les projets et ONGs.

Autrement dit, la stratégie sur l’éducation environnementale doit être déclinée en des stratégies répondant aux réalités et cultures locales. Chaque région, voire chaque zone ayant des aspects culturels différents de ceux d’une autre devrait avoir sa stratégie. Le chanteur évoque la culture masikoro pour laquelle il est interdit d’avoir des toilettes. Il faut donc aller dans la forêt pour faire ses besoins. Du temps de son enfance, on n’avait pas à faire 100 m pour cela. Puis, la distance s’est allongée pour être longue de 3 km à l’heure actuelle. Il faut y aller à bicyclette t le problème devient encore plus aigu si l’on a la diarrhée ! Seulement, les discours environnementaux servis à la population n’ont aucun lien avec cette réalité désastreuse. Autre aspect de la culture masikoro : le cercueil doit être fabriqué en palissandre mais comme cette essence a été décimée depuis, les gens ont dû se rabattre sur une autre espèce appelée « mangarahara », un bois très résistant. Mais là aussi, l’exploitation sans mesure d’accompagnement comme la restauration ou le reboisement a fortement réduit l’effectif de cet arbre.

Résultat : les Masikoro doivent faire avec l’eucalyptus. « Ca les rend tristes d’y mettre le corps de leur proche mais personne ne les a sensibilisés sur les manières de faire pour éviter cette catastrophe culturelle », souligne le chanteur. Beaucoup d’artistes s’intéressent à l’environnement. Outre Théo Rakotovao et Jaojoby, le valihiste Rajery initiateur du festival des musiques vivantes « Angaredona » focalise le thème de l’édition 2011 sur l’environnement et la culture de la paix.

Ce jour, le festival organise un nettoyage complet d’Ambohimanga rova avec les riverains. L’idée est de sensibiliser les gens sur la richesse de ce patrimoine mondial et de comprendre ainsi pourquoi les constructions doivent, par exemple, respecter certaines spécifications.