vendredi 16 septembre 2011

Orpaillage à Ibity: Menace sur l’agriculture et la biodiversité


40 orpailleurs investissent actuellement le mont d’Ibity, alors qu’ils étaient plus de 5 000 en janvier 2011. Malgré la réduction de l’effectif à la suite de la récente ouverture de nouvelles carrières aurifères à Ambero, les dangers occasionnés par l’extraction sont multiples selon le Missouri botanical garden (MBG). Les cours d’eau qui irriguent les zones agricoles aux alentours partent du mont d’Ibity. L’orpaillage y sème pourtant d’innombrables trous. De quoi provoquer d’importantes érosions et l’ensablement des surfaces agricoles et des rizières. Les zones d’extraction tout comme la population ne disposent pas d’eau potable parce que les ordures et les matières fécales des orpailleurs se déversent sur les sources d’eau en bas. Les maladies diarrhéiques et les autres maladies de l’eau sale sont donc à craindre. D’autres problèmes sociaux secouent la zone : les prostituées croissent en nombre et des filles d’Ibity sont attirées par ce nouveau commerce florissant, le coût de la vie aussi augmente, l’insécurité aussi… Les attaques des bandits de grand chemin se multiplient. On en dénombre au moins 2 attaques par mois dans les 3 communes voisines d’Ibity. Des orpailleurs investissent en effet leur fortune dans l’achat de bovidés. L’orpaillage fait également travailler des enfants mineurs.

Outre ces problèmes socioéconomiques, la biodiversité aussi est en danger. Des plantes endémiques d’Ibity sont menacées par l’orpaillage. Le MBG cite le Pentachlaena latifolia, l’Aloe ibityensis, le Tephrosia ibityniensis… Si ces plantes disparaissent, elles seront tout simplement exterminées parce qu’elles n’existent qu’à Ibity. Pour l’heure, l’orpaillage ne touche pas encore la zone protégée d’Ibity. Heureusement ! Mais rien n’est sûr pour l’avenir quand on connaît les expériences d’extractions de pierres précieuses et d’or dans des zones proches d’une aire protégée. Les exploitants n’hésitent pas à investir les surfaces protégées lorsque les filons s’y faufilent. Notons que ces dernières années, le pays assiste à des ruées vers des gisements aurifères. L’explication est simple : le cours de l’or connaît une remontée sans précédent et sur le marché international, l’once est dans les 2 000 dollars, soit près de 130 000 Ar le gramme. C’est l’équivalent du revenu de 2 mois d’une personne vivant en dessous du seuil de la pauvreté. De quoi faire monter la fièvre du métal jaune.

Si l’achat informel d’or et de bijoux en or en plein air a cours à Analakely depuis ces dernières années, il commence à essaimer dans les régions. La RN7 passant devant la gare de Fianarantsoa conduisant au stationnement des taxis-brousse affiche des écriteaux « mividy volamanea eto » ou ici, on achète de l’or. La filière de l’or n’a jamais fait l’objet d’une politique claire et c’est au risque de détruire l’environnement, de faire perdre de l’argent à l’Etat et aux exploitants.