lundi 30 mai 2011

2010, année record pour les émissions de CO2

Le GIEC craint une augmentation de 4°C de la température du globe d'ici 2100 si les efforts consentis pour réduire les émissions de gaz ne sont pas suffisants.


Ce «sérieux revers» rendrait extrêmement difficile la limitation de l'augmentation de la température globale de la planète, s'alarme l'Agence internationale de l'énergie.

Le constat est alarmant. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les émissions de CO2 ont atteint un niveau record en 2010. L'an passé, pas moins de 30,6 gigatonnes de CO2 ont été rejetées dans l'atmosphère, soit «un bond de 5% par rapport à la précédente année record de 2008», explique l'AIE sur son site internet. Cela constitue un «sérieux revers» dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Pis, si les émissions de gaz ne sont pas drastiquement réduites, l'objectif de ne pas augmenter de plus de 2°C la température globale d'ici à 2100 sera «une belle utopie», selon l'agence. «Les perspectives sont lugubres si l'on regarde les chiffres», affirme l'économiste en chef de l'AIE, Fatih Birol, au Guardian. «Rester sous le seuil d'une augmentation de 2°C va devenir un défi extrêmement difficile à tenir», souligne-t-il. «Selon les projections du GIEC [Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat], il y a 50% de risques que l'augmentation de la température dépasse les 4°C vers 2100.»

Une augmentation de la température globale de la planète de plus de deux degrés induirait un «changement de climat dangereux». Avec une hausse de 4°C, le scénario serait catastrophique selon l'AIE. Non seulement la chaleur deviendrait insupportable dans certaines parties du globe, mais les changements climatiques «meneraient à un large mouvement de migrations et à des conflits, perturbant la vie de centaines de millions de personnes à travers la planète.»
Le retour de la croissance relance les rejets de CO2

Un tel scénario peut-il encore être évité ? Oui selon l'organisme, mais cela sera difficile. D'après les calculs de l'agence, les rejets de CO2 ne devront pas dépasser les 32 gigatonnes en 2020 si l'on veut limiter l'impact du changement climatique. Or, au rythme actuel, ce seuil serait franchi dès l'an prochain.

Les spécialistes espéraient pourtant une pause, voire un recul dans les émissions de gaz grâce à la crise économique. En 2009, les rejets de CO2 avaient ainsi légèrement baissé. Si une petite hausse en 2010 était prévue avec l'amélioration de la conjoncture économique, «nous ne nous attendions pas à un tel retour de boomerang», affirme Fatih Birol. D'après les recherches de l'AIE, plus du ¾ de la hausse des rejets de CO2 proviennent des pays émergents, qui se sont remis de la crise beaucoup plus rapidement que l'Occident.

D'autres données rendent l'AIE peu optimiste pour l'avenir. L'agence s'inquiète notamment des appels à réduire ou arrêter la production d'énergie nucléaire dans certains pays, dont l'Allemagne, à la suite de la catastrophe de Fukushima. «On peut ne pas aimer le nucléaire, mais on n'a pas trouvé mieux pour générer de l'électricité sans rejet de dioxyde de carbone», souligne Fatih Birol. Autre cause de souci, si l'Occident a réussi à faire baisser ses rejets de CO2 depuis les années 1990,ces efforts sont annulés par l'importation massive de biens de consommation depuis les pays émergents, comme la Chine.

Les efforts de la communauté internationales semblent quant à eux faire partie du passé. La conférence de Copenhague a été un échec, et la conférence de l'ONU à Bonn sur le changement climatique ne devrait pas apporter de grandes avancées. Quant à la conférence sur le climat de Durban, en Afrique du Sud, prévue en décembre, les États-Unis, la Russie, le Japon et le Canada ont déjà prévenu qu'ils refuseraient un accord contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.