mercredi 18 mai 2011

Ampefy déprécie ses atouts


La commune rurale d’Ampefy est réputée pour ses potentialités touristiques et économiques. Elle semble cependant livrée à elle-même, au grand désavantage de la population.
Héritée des « Vazimba », censés être les ancêtres des Malgaches, la ville d’Ampefy fait parler d’elle grâce au tourisme.

« Ce sont surtout les nationaux qui choisissent la destination Ampefy », rapporte le gérant de Kavitaha, le plus ancien hôtel de la commune. Parallèlement, la localité est également une zone agricole.

« La terre volcanique étant fertile, il n’y a nul besoin d’engrais pour cultiver du maïs, du haricot, ou encore des arachides », confie l’adjoint au Maire, Eugène Ramanamisata. Toujours selon ce dernier, la commune bénéficie d’un taux élevé en matière de ressources humaines. « Environ 75% de la population est constituée de jeunes ».

Cependant, leurs conditions de vie laissent à désirer, l’absence d’infrastructures et de politique globale fait que l’environnement n’est pas favorable à un meilleur épanouissement des moins de 25 ans.

« Après les études, la promenade et la vidéo sont nos seules occupations », déclare Toky Rafoakarana, une jeune lycéenne de 16 ans. Toutefois, cela ne semble pas affecter la plupart des jeunes interviewés.

«Nous profitons des journées sportives ou scolaires pour nous retrouver et nous amuser », affirme Mialy Rabe. Il s’avère que le sport est l’unique échappatoire pour des milliers de jeunes avides d’un avenir optimiste.

Quant à Onitiana, originaire d’Ampefy et étudiante dans une université privée de la capitale, « faute d’activités, l’avenir des jeunes reste compromis. Il n’y a aucun marque du progrès comme l’Internet et les nouvelles technologies. Les jeunes s’exposent donc à la drogue ou aux maladies sexuellement transmissibles ».

Pour le marché du travail, il est souvent difficile de se contenter d’une seule activité pour assurer sa « survie ». En effet, un constat effectué auprès de la population active d’Ampefy montre que des commerçants sont agriculteurs ou pêcheurs et agriculteurs en même temps. Dans tous les cas, le lac Kavitaha joue un rôle important pour les revenus des ménages.

« Le matin, je travaille comme lavandière au bord du lac, et l’après-midi j'y retourne pour pratiquer la pêche. Si elle est bonne, je vends mes prises au marché », témoigne Lucie Veromalala, une mère célibataire de cinq enfants.

Toutefois, le médecin-chef du Centre de santé de base de niveau II, Augustine Rahantaharimalala, a tenu à informer sur le danger que constitue l’eau provenant du lac.

Rôle capital du lac

« Il est infesté de bilharzies. L’eau n’est pas du tout propre, le lac sert en même temps de zone d’évacuation des eaux usées », prévient-t-elle. Cette insalubrité transgresse le rôle sacré du plan d'eau.

« Communiquant avec le lac Itasy, de nombreux tabous doivent être respectés au lac Kavitaha. Il est interdit d’y apporter du mouton et du cochon, ou encore faire l'amour aux abords du lac. Certains nouveaux arrivants ne respectent pas ces interdits et des noyades accidentels sont à déplorer », confie un ancien du village.

Cependant, faute d’infrastructures adéquates, les habitants d’Ampefy souffrent de l'absence d’eau potable. Actuellement, seuls 3 fokontany sur les 13 y ont accès.

« L'approvisionnement en eau potable remonte vers la fin des années 80. Nous avons comme l’impression qu'il ne s’inscrit plus dans la priorité des autorités qui se sont succédé », regrette Alice Rahajarisoa, une habitante de la commune. Ses récriminations ne se limitent pas à cette source de vie mais également aux infrastructures touristiques. Son mari, Jaona Henri Rakotomalala, et elle constatent que les sites touristiques ne sont jamais entretenus.

« Les routes qui mènent à l’îlot de la Vierge et aux chutes de la Lily se trouvent dans un état pitoyable. Pourtant ce sont des endroits qui attirent le plus les touristes », estime avec tristesse son époux.

Les regards se tournent vers l’avenir de cette zone pleine de potentialités mais qui semble « mourir » à petit feu.