mardi 3 mai 2011

Les exploitations illicites gagnent du terrain


Les exploitations illicites gagnent du terrain depuis la crise qui a débuté depuis décembre 2008 et elles touchent les différents types de ressources malgaches et sur tout le territoire national.

Malgré le décret émis par le gouvernement de la Haute Autorité de transition (HAT) malgache en mars de l’année dernière, concernant l’interdiction de coupe de bois précieux et leur commercialisation, l’exploitation du bois de rose prend de l’envergure à une année du décret.

Le bois de rose est pourtant classé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) dans la catégorie des espèces en voie de disparition et très protégés.

A la mi-avril, une trentaine de tonnes de bois de rose ont été saisies à bord de deux camions dans un village d’Antalaha, dans la côte nord-est de la grande île, là où les bois de rose sont en grand nombre et dans une grande superficie, exceptionnellement dans le parc national de Masoala.

En début du mois d’avril dernier, 824 pièces et 186 rondins de palissandre, un autre type de bois luxe et précieux, ont également été saisis à Fort-Dauphin, dans l’extrême-sud de la grande île, par les autorités locales. 250 conteneurs de ce bois sont encore bloqués au port de Majunga, à l’ouest de Madagascar, pour n’avoir pas l’autorisation d’exportation.

En restant encore dans le secteur de l’environnement, la chasse illicite des lémuriens ainsi que des espèces d’animaux endémiques a pris de l’ampleur ces derniers mois.

Les tortues étoilées de Madagascar sont en voie de disparition, et selon les chercheurs, cette espèce de tortue qui se trouve dans la partie sud et sud-ouest de la grande île, serait disparue d’ici 20 ans si la consommation ainsi que son commerce illicite continuent encore. Les collectionneurs d’animaux des Etats-Unis, d’Europe ainsi que d’Asie, en passant par Bangkok, sont les principaux clients des exportateurs illégaux.

Notons que ces tortues sont classées dans la catégorie d’espèce en danger, en voie d’extinction sur la liste rouge de l’UICN et sont inscrites à l’annexe de la convention du "Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction" (Cites) et dont la vente est strictement interdite.

Les lémuriens de Madagascar subissent le même sort. Les viandes de lémuriens sont de plus en plus dédiées à l’alimentation dans la partie nord-est et est de la grande île. Les plats sont vendus de 6.000 Ariary à 10.000 Ariary (1 dollar équivaut à 2.000 Ariary). En 2010, près de 3.000 lémuriens ont disparu, toutes espèces confondues.

Dans le secteur minier, cette exploitation illicite s’étend dans le domaine de l’or jusqu’aux pierres précieuses.

Récemment, 2 kg de poudre d’or ont été saisis par la gendarmerie nationale sur la route nationale reliant Antananarivo à Majunga. D’après les sources, l’origine de ces poudres d’or est du côté de Maevatanana, dans l’ouest de la grande île où se trouve le plus grand gisement d’or du pays.

De l’autre côté, des tonnes de "cristal" sont transportées par voie maritime de Maroantsetra, dans le nord-est de la grande île vers le port de Toamasina, à l’est, sans aucune mesure n’est prise pour la protection de l’environnement.

Selon les observateurs économiques, la crise politique que le pays connaît depuis décembre 2008 a engendré cette viré vers les exploitations illicites. "La pauvreté et la cherté de la vie quotidienne incitent les gens à trouver des moyens plus faciles pour avoir de l’argent au risque et péril de leur propre vie", affirment les experts.

Quelques 228.000 pertes d’emplois directs ont été enregistrées en 2010, selon les chiffres de la Banque mondiale. De l’autre côté, les prix des produits locaux ont augmenté de 12% en un an, engendrant un glissement annuel de 11,5% du prix à la consommation.