mercredi 1 juin 2011

Tech & Net RSS Tech & Net Cancer et mobiles : la polémique de trop ?

L'avis de l'OMS classant les ondes comme "peut-être cancérogènes" a déclenché un déchaînement contre le mobile. Le secteur accuse le coup.


L'agence de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié mardi soir une étude portant sur les dangers des ondes et les risques de cancer. Les téléphones mobiles font partie des équipements visés et semblent focaliser l'attention, au grand dam des acteurs du secteur.

Fabricants et industriels essaient d'écarter la polémique naissante en rappelant que des mesures existent déjà en France. "Nous avons une approche de précaution depuis 2003, avec la distribution systématique d'un kit oreillette et de plus de 30 millions de dépliants d'information", ajoute-t-on encore à la Fédération française des télécoms (FFT). D'ailleurs, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rappelle que "les conclusions et les recommandations émises par le CIRC rejoignent les avis et recommandations déjà émis" par les autorités françaises.

La Fédération française des télécoms, soucieuse de minimiser la portée de l'étude, souligne que "cette classification vaut pour l'ensemble des sources d'ondes radio, ce qui inclut les téléphones mobiles, les téléphones sans fil, les appareils Wi-Fi, les micros sans fil, les ampoules basse consommation, les fours à micro-ondes, les plaques à induction, les émetteurs de radio ou de télévision, les antennes-relais, les émetteurs de police ou de pompiers, les radars. "Nous prenons acte de ces conclusions, fondées sur une étude portant sur l'usage intensif du mobile, soit au moins 30 minutes par jour sur une période de 10 ans", poursuit un porte-parole.

Un facteur parmi des centaines d'autres

La FFT rappelle par ailleurs que l'OMS a classé "900 agents et substances, présents dans des produits de consommation courante", dans des catégories similaires à celle des ondes. "En choisissant la catégorie 2B (la catégorie "peut-être cancérogène", NDLR), le CIRC indique que le lien entre cancer et ondes radio n'est pas démontré", conclut la FFT en rappelant que l'alcool, le tabac, l'amiante, le trichloréthylène et les fumées des moteurs diesel sont dans les catégories 1 et 2A, beaucoup plus dangereuses.

Les fabricants de téléphones mobiles, qui refusent de communiquer directement, qui ont répondu par la voix du Mobile Manufacturer Forum (MMF), suivent la même ligne de défense. "Le CIRC a conclu que les champs électromagnétiques ne sont cancérogènes ni de façon certaine, ni de façon probable", explique Michael Milligan, secrétaire général de cette association qui regroupe Samsung, Nokia, Sony Ericsson, Motorola ou encore Apple. "Les équipements de communication sans fil sont prévus pour fonctionner en respectant des limites nationales et internationales d'exposition, lesquelles intègrent déjà une substantielle marge de sécurité", poursuit-il.

Difficile équilibre entre antennes et terminaux

En France, la très vive polémique sur les antennes-relais a déséquilibré le problème. En imposant des normes d'émission très faibles pour les infrastructures, sans vraiment se préoccuper des terminaux, l'État a paradoxalement augmenté la puissance moyenne nécessaire aux téléphones mobiles pour communiquer avec les antennes. Cela a eu pour résultat de multiplier l'exposition des utilisateurs. L'OMS reconnaît implicitement ce problème : "Utiliser un mobile dans une zone de bonne réception réduit l'exposition, car cela permet au téléphone de communiquer avec une puissance plus faible", explique l'organisme international dans ses recommandations, juste après le paragraphe vantant les mérites des kits mains-libres.

Invisibles, impalpables, les ondes font peur. Mais, malgré les polémiques, les frayeurs et les démentis, une chose reste sûre : l'utilisateur lambda continue d'avoir son portable sur lui, son réseau Wi-Fi à la maison et son micro-ondes dans la cuisine. Les industriels peuvent dormir tranquilles.