Le trafic de tortues à Madagascar constitue un réel problème. De plus, les auteurs restant impunis, le phénomène perdure.
Vingt-neuf affaires liées au trafic illicite de tortues sont déposées auprès du Tribunal de Mahajanga. Cette déclaration d'un responsable d'une entité oeuvrant dans la protection de l'environnement démontre l'envergure de ce phénomène. Les données recueillies sur terrain déterminent la population de tortues à éperon- espèce endémique à Soalala- réduite de moitié, passant de 400 il y a deux ans, à 200 au moment présent.
Les exportations illicites concernent toutes les variétés de tortues comme la tortue radiée, la tortue à éperon et les tortues de mer. Cette dernière est aussi consommée localement dans la partie sud du pays, ou dans les grands restaurants de la capitale.
Première destination
L'absence de sanctions envers les responsables serait le principal motif de cette prolifération. « Plusieurs affaires sont en justice dans le cadre de ces trafics illicites, mais nous constatons malheureusement que les auteurs sont soit relaxés, soit évadés », s'insurge notre interlocuteur, lors d'une entrevue.
Les tortues, espèces protégées, constituent une véritable source de revenus pour les trafiquants. Selon une investigation menée en 2010 par Traffic International, la Thaïlande serait la destination première des tortues de Madagascar. A ce niveau, la pièce coûte entre 180 à 273 dollars. Elles partent ensuite vers d'autres pays, où ce prix peut atteindre les 4 600 dollars. Les exportations concernent les tortues âgées de 2 à 4 ans. Les plus âgées sont consommées localement, vendues aux environs de 10 000 ariary.
Concernant les ventes sur le marché extérieur, les trafiquants tendent vers l'utilisation de l'e-commerce. Toutefois, le marché à ciel ouvert reste dominant à Thaïlande. Sur 590 espèces confondues en provenance de Madagascar répertoriées sur ce marché, 160 sont des tortues radiées.