samedi 16 avril 2011

Faune endémique : Appel au secours de TSA face à l’extermination des tortues de Madagascar


Biologistes et spécialistes en activité dans des organismes de conservation des espèces de tortue, s’inquiètent sérieusement face à des « appétits insatiables » qui déciment les tortues étoilées de Madagascar. On s’achemine vers l’extinction rapide de l’espèce.

On assiste aujourd’hui à une véritable extermination de la tortue étoilée, de son nom scientifique Astrochelys radiata. Cette espèce est, en effet, de plus en plus prisée pour la consommation de sa viande ou pour des fins de commerce illégal. La tortue étoilée est, pourtant, l’une des espèces de tortues les plus emblématiques à Madagascar et les plus culturellement importantes. Elle emprunte malheureusement, la voie d’extinction, en étant source de nourriture pour la population locale et une marchandise hautement prisée par les braconniers. Les études menées en mars 2011 par le Turtle Survival Alliance ou TSA (il s’agit d’un partenariat mondial orienté vers l’action pour l’extinction zéro de tortue au 21è siècle), l’Orianne Society, organisme de conservation de tortues et la Nautilus Ecology, consortium d’écologistes marins et terrestres indépendants et de scientifiques environnementaux, ont montré que l’exploitation « non durable », la collecte destinée au commerce illégal d’animaux et la perte d’habitats, continueront encore à « ruiner le sort de cette espèce, à moins qu’une approche unifiée et holistique ne soit utilisée afin d’assurer sa survie ».

Tabou culturel. Le TSA d’apporter un aperçu de la représentation de la tortue étoilée par les populations des localités où elle évolue dans son habitat naturel : cette espèce fut autrefois protégée par un tabou culturel qui empêchait les tribus locales de la manger. Cependant, les activités de développement croissantes dans son domaine vital ont entraîné un afflux de population de tribus mangeurs de tortue. « Un changement cataclysmique s’est produit » affirme Dr. Christina Castellano, directeur de Orianne Society. « Traditionnellement, la viande de tortue est servie lors des occasions spéciales, mais actuellement on la mange tous les jours. Des centaines de pièces de carapaces abandonnées encombrent les chemins des villages. Ce niveau de consommation ahurissant n’est pas durable ».



Vulnérabilité. Sa grande taille associée à sa lenteur rend la tortue étoilée vulnérable face aux braconniers. Une vulnérabilité qui est également celle des communautés qui veulent perpétuer le respect du tabou. « Un réseau de braconniers, se référant à une sorte de ‘mafia de la tortue’ rend cette volonté quasi-impossible », fait remarquer le Turtle Survival Alliance. « Le braconnage est continu et sans relâche, les braconniers parcourent des régions entières, les dépouillant des tortues » déclare alors Ryan Walker, biologiste chez Nautilus Ecology. « Des gangs de braconniers armés sont parfois cent fois plus forts et par conséquent, nous assistons à une extermination systémique des espèces », se désole-t-il.

Par ailleurs, un autre danger menace ces tortues. Très convoitée par les collectionneurs d’animaux aux Etats-Unis, en Europe, et en Asie, elle alimente un réseau de commerce illégal. D’après un rapport de TRAFFIC, une organisation qui contrôle le commerce de faune et flore en danger, en effet, « la tortue étoilée de Madagascar est actuellement la plus abondamment rencontrée au niveau du commerce illégal d’animaux dans les marchés Asiatiques ». Selon Rick Hudson, président de TSA, « des milliers de petites tortues sont passées en contrebande de Madagascar vers Bangkok, et de là, vers de plus grandes villes asiatiques. L’enlèvement des tortues jeunes et adultes de leur habitat, affaiblit dangereusement la capacité de recouvrement des populations. L’application de la loi est la clé pour la sauvegarde de cette espèce, mais malheureusement l’infrastructure n’est pas actuellement en place pour permettre que cela arrive. La situation est désespérée, et nous n’avons plus assez de temps ».

Le Dr. Herilala Randriamahazo, coordinateur de la conservation des tortues de Madagascar au sein de TSA, pour sa part, n’y va pas par quatre chemins en déclarant qu’une « étape vitale pour garantir la survie de la tortue étoilée est de concentrer nos efforts sur le reste des populations saines qui sont en étroite proximité avec les communautés ayant une forte tradition de protection de tortue ». Ainsi, l’heure est grave. Madagascar risque sérieusement de perdre à jamais l’une des plus belles espèces de tortues au monde. Rappelons que Madagascar possède quatre espèces de tortues endémiques. Elles sont toutes gravement menacées d’extinction rapide.