400 000 ariary. C’est le kilo de l’huile essentielle de famonty (pluchea grevei) sur le marché international.
Ce prix est supérieur à celui des huiles essentielles habituelles également très recherchées comme celle du ravintsara (aux environs de 360 000 ariary le kilo d’après des professionnels de Fianarantsoa). Dans le cadre de la consultation sur le prochain forum panafricain sur l’entreprenariat féminin organisée avant-hier par le bureau pays de l’Organisation internationale du travail (OIT) à Andraharo, Emilie Rakotondrainivonona, gérante de Kosepa basée à Toliara affirme que le famonty est très prisé. L’huile essentielle de cet arbuste traite des allergies et d’autres maladies. La littérature sur la médecine douce évoque aussi l’efficacité de cette plante dans le traitement de tumeurs et des douleurs musculaires. Appréciant le climat chaud et sec, le famonty pousse notamment dans le Sud-Ouest de Madagascar. De la famille des astéracées, cette plante utilisée depuis longtemps par les gens du Sud-Ouest soigne les tumeurs, les foulures et les luxations quand elle est utilisée en application externe. En décoction, il est proposé pour éliminer les douleurs musculaires et articulaires, certaines maladies qui attaquent les organes internes.
Quant à l’huile essentielle, elle est utilisée en premier secours en cas d’hématome, de foulure, de fracture à la suite d’un accident. Et quand on la mélange avec l’huile essentielle de issa (une plante endémique d’altitude de Madagascar), elle devient un excellent stimulateur pour le système cardio-vasculaire. Par ailleurs, l’huile essentielle de famonty fait partie des rares huiles essentielles autorisée pour une application cutanée à l’état pur. Dans la transformation en huile essentielle, les feuilles tout comme les tiges et les fleurs du famonty peuvent être utilisées. Afin de procéder à une exploitation durable, Kosepa effectue des essais de plantation. En fait, le Sud du pays regorge de plantes médicinales déclinées en plusieurs variétés et vertus. Mais seules quelques entreprises se risquent à les exploiter. Les contraintes sont pesantes dans la région. Une entreprise déjà présente dans la région depuis plusieurs années évoque le mauvais état des routes qui occasionne des frais supplémentaires plus élevés. Ce problème risque aussi de nuire à la confiance des clients parce qu’il ne permet pas toujours de respecter les délais et parfois la qualité de certains produits…
Particulièrement pour Kosepa, le financement pose problème. Le prix d’un alambic est de 14 millions d’ariary (70 millions de fmg). Et quand il y a panne, les réparations aussi coûtent très chers. Elles peuvent représenter jusqu’à la moitié du prix de l’alambic. Sans la solidarité entre entrepreneurs de la filière, un tel montant est impossible à trouver pour une entreprise. En effet, les banques ne prêtent qu’aux entreprises de renom et de grande expérience. Le même schéma s’observe chez certaines institutions de microfinance. Ce qui ne facilite pas la tâche aux petits et moyens opérateurs de la filière. Or, si les produits traditionnels d’exportation sont en déclin (crevettes, vanille, textile…), les huiles essentielles devraient connaître un essor très important. Mais la filière manque encore des soutiens dont elle a besoin pour se développer rapidement.