Le blocage de 275 conteneurs de bois précieux et de bois ordinaire au port
de Mahajanga, depuis décembre, fait naître la grogne chez les exploitants
forestiers et les dockers. Le conflit provient de la qualification des produits
retenus par le service régional des douanes du Boeny, et interdits d'exportation selon la législation forestière.
La manifestation prévue se tenir au port de Mahajanga par le Groupement des exportateurs de bois de Boeny (GEBB) n’a pas finalement eu lieu hier. Les membres et les exploitants forestiers ainsi que les dockers ont pourtant prévu de descendre dans la rue. Mais ils promettent une surprise cette semaine au port de Mahajanga.de Mahajanga, depuis décembre, fait naître la grogne chez les exploitants
forestiers et les dockers. Le conflit provient de la qualification des produits
retenus par le service régional des douanes du Boeny, et interdits d'exportation selon la législation forestière.
« Nous avons encore décidé de suspendre le mouvement. Nous craignons des débordements dus à la présence éventuelle d'éléments étrangers aux nôtres. Mais nous allons déposer une nouvelle demande d’autorisation auprès du district pour une prochaine manifestation devant le port, cette semaine », a annoncé le président du GEBB, Liva Rakotojaobelina.
Cela va faire près de trois mois que les 275 conteneurs de palissandre et de bois ordinaire sont bloqués au port de Mahajanga. Le premier embarquement était alors prévu le 15 novembre 2010. Et il n’y avait aucun bois de rose parmi ces produits destinés à l'exportation.
Les neuf exploitants forestiers et propriétaires des marchandises ne trouvent pas d'issue dans leurs pourparlers avec la direction générale des douanes.
« Nous sommes las des discussions autour de l'interprétation de la notion de produits finis. Nous nous remettons à la sagesse du président de la HAT pour trancher », a mentionné le président du GEBB.
« Des autorités, dont la direction régionale de l'environnement et des forêts (DREF), ainsi que la région Boeny semblent convaincues de la conformité de nos produits conteneurisés. Nous avons payés toutes les redevances et taxes auprès de la DREF, de 800 000 ariary, ainsi que les frais de manutention (y compris le transport et les dockers) de 600 000 ariary, par conteneur », a-t-il encore expliqué.
La valeur des produits bloqués au port de Mahajanga est estimée à plus de 18 millions ariary par conteneur, depuis la coupe jusqu’à la transformation. Ainsi, près de 4, 950 milliards ariary sont immobilisés dans cette affaire.
« Un exploitant forestier emploie 150 à 200 personnes, ce qui fait plus d'un millier d’individus en difficulté financière depuis presque trois mois. En plus, nous sommes en position délicate vis-à-vis de nos clients, car certains d'entre nous ont déjà perçu une avance », a ajouté un membre du GEBB.
Les opérateurs doivent aussi payer 14 euros par conteneur par jour pour la taxe sur starise et le frais d’emmagasinage. Mais ils sont en train de négocier avec les responsables pour être dispensés du paiement de toute cette somme.
La plupart des opérateurs économiques ont commencé à exercer ce métier entre 2005 et 2009. Mais ils avouent n’avoir jamais eu de problème auparavant.
Infraction
« Nous avons toujours exporté les mêmes produits. Mais aujourd’hui, nous nous étonnons du revirement de comportement de la direction générale des douanes. La traçabilité des marchandises est pourtant bien claire. Et ce ne sont pas des bois de rose », s’est insurgé Mamy Rajoelison, un autre membre du GEBB et opérateur économique.
« Nous avons toujours essayé de faire preuve de bonne volonté à travailler les bois à exporter, bien que cela constitue une perte pour nous et pour l’Etat. On perd presque le quart du volume dans la transformation. En fait, l’Etat bénéficie d'une redevance de 1,5% seulement sur les bois travaillés, au lieu de 4% dans ce cas, alors que les clients achètent toujours au même prix le mètre cube, bois travaillé ou pas », a-t-il précisé.
En fait, la législation ne concerne pas la nature du bois. Elle s'applique à toutes les essences qualifiées de précieuses, dont entre autres le bois de rose et le palissandre. L'exportation de bois non ouvragés et semi-travaillés est interdite.
Donc, à l’origine du litige est la qualification par le ministère des Finances et du budget de produits interdits à l'exportation les bois trouvés dans les 275 conteneurs.
Ainsi, l’entreprise Tsimarofy a même reçu un procès-verbal de saisie de ses marchandises, le 22 décembre. D’après le service des douanes, lors de sa visite du 20 décembre 2010, il s’agit de bois rabotés seulement sur quatre faces. Cela constitue une fausse déclaration donc une infraction, passible d'être traduite devant le tribunal correctionnel d'Antananarivo.
« Pourquoi les responsables acceptent-ils l’exportation d’une cabane en rondins et d'une maison préfabriquée au moyen de panneaux dérivés du bois (art. 3 de l’arrêté interministériel n°10 885/2007 du 3 juillet 2007, portant suspension d’exportation du bois des forêts naturelles, toutes catégories confondues), alors qu’ils interdisent les piliers, poteaux, pannes et poutres ? », a encore fait remarquer Mamy Rajoelison.
Les membres du GEBB se sentent victimes d’une injustice, et leur engagement vis-à-vis de leurs clients est aujourd’hui mis en péril. « L’économie de la région est également menacée car la majorité de la population vit de produits forestiers », ont noté les opérateurs.
Par ailleurs, la direction générale des douanes a publié une décision, vendredi 4 février, mentionnant le cas des 49 conteneurs saisis au port de Mahajanga au mois de décembre. Deux entreprises, concernées par la saisie des 275 conteneurs, ont également été citées.
« Nous réfutons catégoriquement cette décision car ces deux entreprises n’ont rien à voir dans cette affaire des 49 conteneurs saisis », ont précisé les membres du GEBB.