jeudi 24 février 2011

ONG: Le défi est la gestion des ouvrages

Ran’eau est un réseau d’informations et de conseils à l’usage des ONG qui oeuvrent dans les domaines de l’eau et l’assainissement. Selon Vincent Dussaux, l’un des responsables de ce réseau, qui donnait hier une conférence de presse au Cite Ambatonakanga, l’un des problèmes majeurs relevés dans ce secteur est la gestion et l’entretien des infrastructures que les ONG mettent en place dans les villages. « Construire des infrastructures visant à procurer de l’eau potable à la population, c’est bien mais ce n’est pas suffisant. On trouve, un peu partout à Madagascar, des puits ou des forages qui ont été bien construits, mais ont ensuite été mal gérés, ce qui a conduit tôt ou tard à leur abandon », a expliqué Vincent Dussaux.

La question qui se pose est donc de savoir comment, dans les cas majoritaires où l’ONG ayant fourni l’infrastructure se retire ensuite, celle-ci doit être gérée et entretenue. Pour Madame Léa, qui assure la cellule de permanence du réseau Ran’eau au Cite, un des moyens efficaces est de faire participer financièrement la population bénéficiaire. « Il n’est pas question de faire payer l’eau, bien sûr, mais plutôt le service, et que la population soit mise à contribution s’il y a un tuyau à changer ou un robinet à réparer », a-t-elle expliqué. Pour organiser la gestion et l’entretien, Ran’eau cherche à « professionnaliser la gestion des systèmes d’eau potable en la confiant à un opérateur privé ou communautaire ». Lorsqu’on opte pour une gestion communautaire, surgit le problème de la forme juridique à lui donner. En effet, dans le cas de certains projets, la forme d’associations d’usagers du service ne s’est pas montrée satisfaisante, les bénéficiaires du service rechignant à payer leurs redevances à une association, et celle-ci manquant de moyens pour les y amener. C’est donc la création de micro-entreprises qui est privilégiée.

Il reste encore beaucoup à faire dans le secteur de l’eau et de l’assainissement à Madagascar. En effet, 41% de la population a désormais accès à l’eau potable, ce qui est un net progrès par rapport aux années précédentes mais reste encore largement insuffisant, et moins de 20% de la population bénéficie d’un accès à des latrines hygiéniques.

Afin d’aider les ONG impliquées dans ce secteur, Ran’eau met à leurs dispositions une permanence d’informations ainsi que diverses publications techniques, consultables depuis une des antennes du Cite ou téléchargeable gratuitement. Jusqu’à présent, le réseau a appuyé de ses conseils une trentaine de projets, et aidé une dizaine d’autres à obtenir des financements.