2011 a été proclamée Année de la forêt par les Nations unies.
Sur l'île de Sumatra, en Indonésie.
2011 a été proclamée Année de la forêt par les Nations unies. C'est déjà une excellente nouvelle, car on est trop peu conscients de l'importance de la forêt pour assurer un développement durable à notre planète et, même, la survie de notre espèce. On prend souvent comme "contre-exemple" celui de l'Ile de Paques, dont la civilisation aurait disparu à la suite de la déforestation totale de l'Ile.
Un arbre, comme on nous l'a appris dans notre jeune âge, inspire du CO2 et séquestre ainsi du carbone via la photosynthèse, puis expire de l'oxygène en journée. La nuit, il va au contraire rejeter à nouveau du CO2, mais en quantité moins importante, quand l'absence de lumière ne lui permet plus de "digérer" le CO2 via la photosynthèse. Tout ceci est très schématique mais néanmoins vrai, d'ou l'importance de préserver nos forêts pour absorber le CO2, présent en quantité trop importante aujourd'hui et responsable du réchauffement climatique.
Par ailleurs, quand un nuage passe au dessus de nos têtes, c'est, schématiquement, la différence de température de quelques degrés de la forêt qui crée la zone dépressionnaire suffisante pour que le nuage éclate et que la pluie tombe. S'il n'y a plus de forêt, la température au sol s'élève -en particulier en milieu tropical, là où la forêt est la plus menacée- et le nuage s'élève, porté par cet air chaud, sans laisser tomber une goutte de pluie. La zone devient rapidement aride, désertique et le sol dur et improductif.
De surcroît, toujours en milieu tropical, ce sont principalement des forêts (après les océans bien sûr) que s'évapore l'eau qui va constituer les nuages, eux-mêmes permettant d'éviter la réverbération des rayons du soleil sur le sol (appelé effet d'albédo). Préserver la forêt, c'est donc lutter contre le réchauffement climatique a plusieurs titres.
Mais le service environnemental de la forêt ne s'arrête pas là! La forêt, c'est une réserve unique de biodiversité, une quantité astronomique de biomasse, de nutriments dans le sol, de carbone et d'eau (stockée dans les feuilles, les troncs et les racines des arbres). Le bassin amazonien, par exemple, est la première réserve de biodiversité et d'eau douce mondiale. Raser la forêt en milieu tropical, c'est détruire toute la matière organique du sol, et prendre le risque d'érosion et de glissements de terrain aux premières pluies. Ceci appauvrit considérablement les sols et réduit très significativement les rendements agricoles, ce qui entraîne de nouvelles coupes pour développer de nouvelles cultures, elles-mêmes rapidement improductives... Il ne faut donc pas jouer contre la forêt, mais avec elle, à travers le développement de l'agroforesterie par exemple.
Etre la première réserve de biodiversité signifie concrètement que la forêt héberge et protége d'innombrables plantes -dont une multitude sont comestibles et même médicinales- ainsi que d'innombrables insectes -dont on ne connaît a ce jour qu'une minorité d'espèces- et animaux -depuis les oiseaux, les singes et les derniers grands fauves.
Enfin, et peut-être même surtout, la forêt est encore protectrice d'un grand nombre de peuples premiers qui dépendent totalement d'elle pour vivre. Leur destin est intimement lié a celui de la forêt, leur alimentation, leurs traditions et même leur religion est la forêt. Détruire la forêt, c'est détruire la richesse de leurs cultures et leurs savoir-faire, et anéantir les derniers hommes qui ont pleinement conscience, eux, de l'interdépendance de l'Homme avec son milieu.
Que 2011 soit pleinement l'année de la forêt et de la prise de conscience de ses multiples interdépendances pour notre futur a tous.