L’ONG Fanamby, par le biais de son président, Serge Rajaobelina, a émis son avis sur le trafic des espèces de lémuriens de l’aire protégée de Loky-Manambato, située dans le site forestier de Daraina.
« Je me sens impuissant face à cette triste situation qui ressurgit, malgré les actions que nous menons au quotidien pour la conservation de la biodiversité », a déploré le président de l’ONG Fanamby, Serge Rajaobelina. Et de continuer : « Mais ne nous voilons pas la face, ce n’est pas un cas isolé et sans une mobilisation de tous et des actions chocs, nous ne viendrons pas à bout de la dilapidation de notre patrimoine » !
En fait, la nouvelle année s’annonce mal pour les environnementalistes de la région Nord-Est de l’île face au trafic illicite des espèces dont les lémuriens, qui font la réputation du pays, figurent parmi les cibles. Parmi les 32 cadavres d’espèces saisis dans la nuit du 31 décembre 2010, c’est à nouveau le lémurien couronné connu sous le nom scientifique de « Eulemur coronatus » ou « Varika » qui a fait les frais de ce commerce immoral et illicite. Une autre espèce plus petite est également concernée mais on ne sait pas encore s’il s’agit de la nouvelle espèce « Phaner » récemment découverte à Daraina Ces espèces de lémuriens ont été chassés de la forêt de Daraina qui se trouve dans l’aire protégée de Loky-Manambato, sous protection depuis plusieurs années suite aux efforts de l’ONG de conservation Fanamby.
Les lémuriens après les bois de rose
Ce n’est pas la première fois que ce genre de trafic se produit dans cette aire protégée surtout en 2009, période à laquelle l’exploitation illicite des bois de rose a fait ravage dans la partie Nord-Est de Madagascar touchant même le cœur des parcs nationaux et des aires protégées. Les lémuriens ont également été victimes, ce qui a fini par alerter l’opinion internationale
Depuis, les trafiquants sont devenus plus vigilants dans la zone et ont décidé d’opérer uniquement la nuit. « L’utilisation du poison est un fait nouveau car cela risque d’avoir un impact sur la santé des consommateurs » témoigne Sylvain, un des rares environnementalistes de la région. Malgré la vigilance des communautés locales, sensibilisées depuis plusieurs années, la demande des consommateurs friands de viandes braconnées, tortues marines et lémuriens, est en croissance dans les villes environnantes de Sambava et Antalaha aux économies boostées par le commerce illicite de bois de rose. Selon la réglementation forestière, la chasse aux lémuriens est interdite par la loi malgache et les délinquants risquent une peine de 2 à 5 ans d’emprisonnement. Ces peines dissuasives ne permettront de stopper ce trafic qu’à condition de réprimer les restaurateurs et les consommateurs finaux à la source de ce business.
« Je suis horrifié que cette situation perdure, l’environnement ne devrait pas être le bouc émissaire des situations de crise » dit Russel Mittermeier, président de Conservation international. La crise n’est en effet qu’un prétexte pour les délinquants de toutes sortes...