jeudi 4 novembre 2010

Bois de rose de Madagascar: Un lit à 1 million de dollars en Chine

10 milliards de Fmg ou 2 milliards d’ariary ou encore 1 million de dollars, c’est le prix de lits fabriqués en Chine mais avec du bois de rose de Madagascar.
(ATTENTION AU TITRE DE L'ARTICLE MENSONGER).

Cette information est de l’organisme américain Global witness et de l’Agence d’investigation environnementale (EIA). Elle est contenue dans un rapport lancé dans le cadre de la conférence sur la diversité biologique à Nagoya au Japon du 18 au 29 octobre dernier. Outre la destruction d’une partie du patrimoine environnemental du pays, l’exploitation et l’exportation illégale de bois de rose font ainsi perdre beaucoup d’argent à l’Etat et à un grand nombre d’acteurs de la filière. Car le bûcheron ne gagne pas 20 000 ariary par jour. Il gagne largement par rapport à un simple journalier dont le salaire oscille entre 2 000 et 3000 ariary selon les régions. N’empêche, sa rémunération représente seulement 0,001% du prix d’un lit fabriqué en Chine avec du bois de rose de Madagascar. C’est dire le salaire de misère qu’on lui verse. Quant aux recettes fiscales et autres redevances perçues par l’Etat via l’exportation de bois de rose, elles sont également jugées peu importantes. Bref, l’Etat et une bonne partie des acteurs locaux de la filière bénéficient à peine de l’exploitation et de l’exportation de ce bois précieux.

Notons que le rapport de Global witness et de l’EIA a été rédigé à partir d’enquêtes et d’investigations dans des dossiers officiels auxquels ces organismes ont pu accéder officiellement. Il est également le fruit d’investigations sur terrain. Et au cours de ces descentes, les auteurs du rapport se sont fait passer pour des acheteurs et à Antalaha, une entreprise n’a pas hésité à leur montrer l’endroit où elle coupe du bois de rose. La zone en question est située en plein parc national. A part ces enquêtes à Madagascar, les auteurs du rapport sont également allés en Chine et dans d’autres pays pour voir en quoi le bois de rose en provenance de Madagascar a été transformé. Ces voyages leur ont aussi permis de voir aussi les prix affichés sur les produits transformés. En Chine, ce bois est principalement utilisé en menuiserie, il est transformé en meubles notamment. Et les prix s’envolent souvent à des sommets inimaginables. Car 100 lits en bois de rose à 1 million de dollars la pièce valent les 100 millions de dollars versés par le consortium minier chinois Wisco pour l’accès aux gisements de fer de Soalala. Et avec tout le bois de rose écoulé illicitement ou légalement hors de Madagascar et transformé en Chine, on n’aura pas seulement 100 mais des milliers de lits et autres meubles.

98% du bois de rose en provenance de Madagascar vont sur la Chine, là où l’on ne soucie pas de la nature de l’origine de la matière première. Les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne ont une loi pour bloquer l’entrée de bois issus d’une exploitation illicite. Mais ils sont au final les principaux marchés des meubles fabriqués en Chine dont les matières premières peuvent être issues de ressources exploitées illicitement. Quant au reste du bois en provenance de Madagascar, il est envoyé aux Etats-Unis et dans l’Union européenne selon toujours le rapport. Mais la loi sur l’interdiction d’acheter de telle matière première est dissuasive pour de nombreux acheteurs. Les autorités malgaches avancent que les choses changent depuis le rapport de Global witness et de l’EIA car le dernier permis date d’il y a un an. Il y a aussi les saisies par-ci par-là… Un appel à la Chine aurait été lancé pour qu’elle interdise l’importation de bois de rose, mais en vain. Quoi qu’il en soit, un tel appel semble dénoter l’impuissance à résoudre le problème sur place.

Fanjanarivo