1. DESCRIPTION DE LA FILIERE
1.1 Le milieu naturel
Plus de 200 genres d'algues marines poussent sur le fond des mers. Parmi une quarantaine de genres utiles à l'homme, une vingtaine se trouve à Madagascar dont, notamment 8 genres d'algues rouges ou Rhodophycées, 10 genres d'algues brunes ou Phéophycées et des algues vertes ou Chlorophycées. Ce sont les algues rouges du genre Eucheuma, Gelidium et Gracilaria qui sont les plus intéressantes sur le plan commercial.
Les algues marines sont répandues sur presque la totalité des côtes malgaches, mais elles sont particulièrement abondantes dans les eaux du Sud, notamment dans le Sud-Ouest du pays.
Des estimations basées sur la quantité d'algues collectées en 1973 avancent un potentiel en algues rouges de 3.600 tonnes/an . Ce potentiel semble être sous-estimé car les statistiques officielles mentionnent une production de 5.792 tonnes en 2000 et 5.045 tonnes en 2001
1.2 Les techniques et les produits
La récolte des algues se fait soit en plongée (généralement par des hommes), soit à pied lors des marées basses, pour les algues poussant dans des eaux peu profondes, soit en les ramassant (par les enfants) sur la plage lorsqu'elles ont été arrachées par la violence des houles.
Les algues récoltées sont mises à sécher sur des claies au soleil en vue de diminuer la teneur en eau, qui doit être inférieure à 18% pour le produit fini. Puis elles sont triées et débarrassées de toutes sortes de débris et d'impuretés. Après, elles sont compressées en balles de 70 à 150 kg pour obtenir des blocs compacts de forme parallélépipédique, d'un volume le plus faible possible. Ces blocs sont ficelés, emballés dans des toiles en fibre de sisal et stockés.
1.3 Les acteurs
Pour les villages de pêcheurs entre Taolagnaro et Faux-Cap., les femmes et les enfants font la collecte d'algues.. Quelques hommes viennent en renfort pendant la période de fermeture langoustière. Dans les environs de Toliara où la pêche est multispécifique, la récolte d'algues est effectuée surtout par les femmes et les enfants.
Deux sociétés de collecte et d'exportation s'intéressent aux algues. BIOMAD travaille avec les pêcheurs collecte essentiellement Eucheuma denticulatum, la plus abondante, et Eucheuma striatum. Elle encadre aussi des familles de pêcheurs pratiquant la culture d'algues. En 2001, elle a collaboré avec 205 algoculteurs. GELOMAD, rattachée à la société MARTIN PECHEUR.
1.4 Les structures et modes d'organisation
1.4.1 Structures de production
Les pêcheurs et algoculteurs travaillent en famille. Aucune structure particulière n'a été créée pour cette activité qui reste secondaire pour eux. Les sociétés de collecte qui se sont lancées dans la culture d'algues, en 2000 se sont organisés au sein du Groupement des Exportateurs d'Algues de Madagascar ou GEAM.
1.4.2 Structures d 'appui
Les sociétés de collecte encadrent les pêcheurs pour avoir des produits de qualité et les approvisionnent en différents matériels (masques de plongée, sacs en plastique pour le ramassage, bouées, …).
En 1997, le projet " Amélioration des Revenus des Populations Littorales ", financé par le VIème FED a essayé de promouvoir la culture d'algues à Toliara, Nosy-Be et Vohémar en collaboration avec des partenaires privés. Après l'intervention de ce projet qui s'est terminé en décembre 2000, seul BIOMAD, à Toliara a poursuivi ses activités tout en s'appuyant aussi sur la collecte d'algues sauvages.
1.4.3 Structures de commercialisation
Chaque société de collecte conditionne et commercialise sa production.
1.4.4 Structures de gestion
La gestion de l'exploitation des algues marines implique plusieurs structures relevant de la tutelle du MAEP. Le Service de la pêche maritime traditionnelle et artisanale, de la Direction de la Pêche, traite les demandes d'autorisations et de permis de collecte et le paiement des redevances correspondantes (2 agents). Le Centre de Surveillance des Pêches s'occupe du contrôle des activités sur le terrain (existence et validité des permis de collecte). La collecte des données statistiques pour les besoins d'information, de planification mais surtout de gestion de la ressource est assurée par les circonscriptions de la pêche et des ressources halieutiques. La Direction de la Santé Animale et du Phytosanitaire, et les Vétérinaires Officiels se chargent de la délivrance des certificats d'origine et de salubrité pour les produits à exporter.
1.5 L'économie globale de la filière
Les statistiques officielles mentionnent une production de 5.045 tonnes d'algues fraîches (soit 630 tonnes d'algues sèches), en 2001. Le prix d'achat au niveau des producteurs varie entre 500 FMG et 800 FMG/kg sec, celui de l'algue rouge de culture atteignant 1000 FMG/kg sec. Cette production avait donc procuré un revenu complémentaire de 300 millions à 500 millions aux familles des pêcheurs des zones concernées.
Pour les exportations, les statistiques du MAEP indiquent, pour 2001, une exportation de 827,109 tonnes d'algues sèches pour une valeur de 4,586 milliards de FMG, sur les marchés d'Europe, des Etats-Unis et de l'Asie. Le marché extérieur reste demandeur.
2 CONTEXTES ECONOMIQUES ACTUELS
2.1 Opportunités
Demande sur le marché international non satisfaite
2.2 Atouts
" Existence d'un potentiel relativement important en algues sauvages
" Techniques de récolte et séchage simples et production (récolte et culture) pouvant être combinée avec d'autres activités de pêche
" Techniques de culture accessibles aux pêcheurs
3 POLITIQUE (GRANDES LIGNES)
3.1 Enoncé de la politique
Il s'agit d'augmenter les recettes en devises apportées par l'exportation des algues, d'améliorer le revenu et les conditions de vie des paysans exploitant cette ressource.
3.2 Objectifs
Les objectifs assignés à la filière algues sont, essentiellement, de
- assurer la collecte d'algues sauvages,
- promouvoir la production par la culture.
3.3 Stratégies
Pour réaliser ces objectifs, les stratégies suivantes sont préconisées
- rationaliser l'exploitation des potentialités naturelles existantes en respectant l'équilibre entre la récolte et la régénération des algues,
- promouvoir le partenariat entre sociétés exportatrices et communautés de pêcheurs pour développer l'algoculture.