Une première ! Une équipe internationale composée notamment de chercheurs français du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS, est parvenue à retracer l’évolution de la peste depuis l’Antiquité. Un travail d’une rare précision qui, au-delà des données historiques qu’il fournit, pourrait servir de modèle pour l’étude d’autres agents infectieux. L’intérêt, c’est de mieux comprendre les mécanismes présidant à l’évolution des pathogènes. Et donc de mieux l’anticiper…
Dans le cas d’espèce, les scientifiques ont reconstitué l’origine biogéographique de la peste. Ils ont également déterminé son âge, et suivi sa dispersion à travers le monde au fil de vagues successives. Ils ont pour cela, utilisé les nouvelles technologies de séquençage et de typage génétique. La science-fiction au secours de l’Histoire ?
Yersinia pestis, la bactérie responsable de la peste, serait ainsi apparue en Chine il y a plus de 2 600 ans. Elle aurait ensuite essaimé vers l’Europe occidentale, « le long de la route de la soie », puis vers l’Afrique (au XVe siècle) avant de gagner l’Amérique du Nord et Madagascar à la fin du XIXe. Elle serait parvenue aux Etats-Unis par les ports de San Francisco et Los Angeles.
« Ce travail a démontré que (ces) vagues épidémiques successives ont eu pour source l’Asie centrale et la Chine », expliquent les auteurs dans la revue Nature Genetics. Ces deux zones géographiques seraient donc à surveiller de très près dans la perspective de futures épidémies. Par ailleurs, la méthodologie comme les outils utilisés dans le cadre de ce travail pourraient servir à « l’étude d’autres bactéries hautement pathogènes et peu variables génétiquement ». Comme les agents infectieux de la tuberculose ou de l’anthrax.