L’Aire protégée (AP) est le modèle de conservation le plus utilisé à Madagascar depuis son introduction en 1927. Un modèle souvent assimilé aux îles. Malheureusement, une aire protégée trop petite et déconnectée serait en péril. Aussi, un nouveau concept a été créé, le corridor qui a pour but de limiter les effets de bordure et de baisser le taux d’extinction des espèces. Avec sa forme allongée, il a également pour rôle de connecter des espaces ou de relier des aires protégées.
Une écologue à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) à Montpellier, Stéphanie Carrière-Buchsenschutz, évoque cependant un malentendu sur l’utilisation de celui-ci : «Ce concept semble être mal connu et mal compris par les environnementalistes à Madagascar. Un fait ajouté par le manque de données empiriques et scientifiques ne permettant pas de confirmer le rôle du corridor. Apparemment, ce nom est donné uniquement en raison de la forme allongée de la forêt.»
Théorie importée
En interviewant le chef de département des Eaux et Forêts à l’Ecole supérieure des Sciences agronomiques (ESSA) à l’Université d’Antananarivo, Bruno Ramamonjisoa, sur cette critique voici sa réponse : « Depuis la colonisation, Madagascar a acquis une mauvaise habitude. Celle de vouloir toujours importer des idéologies mais aussi de se référer aux exemples et théories de l’étranger. Alors que à chacun son contexte. Un concept qui a été créé par les Américains ou les Français ne peuvent toujours pas répondre à la réalité de l’Afrique, de l’Asie ou de Madagascar.» Toutefois, ce professeur ne s’attarde pas aux problèmes, il propose des solutions. « La démarche de recherche doit changer. Il faut faire émerger l’expérience locale. La formation des futurs cadres et experts doit être plus pragmatique afin d’éviter une éventuelle faiblesse intellectuelle », avance-t-il.
Nouvelle approche
C’est la raison pour laquelle dans ce département, l’autodidactie est préconisée. Cela va faire 16 ans qu’il expérimente sur un nouveau système de formation. La réduction du nombre des matières et des modules reflète ce changement. Si en 1996, la formation post universitaire au département des Eaux et Forêts comptait encore 40 matières, aujourd’hui, elle est à une quinzaine de matières c’est-à-dire 11 modules. Les enseignants ont également leur rôle à jouer comme quoi ils sont devenus des animateurs et des guides et non plus des maîtres. Cette démarche de recherche se résume au développement de la capacité de synthèse et d’analyse de l’étudiant.
04-11-2010| Écrit par R.B