jeudi 7 octobre 2010

Le Baobab, un espoir pour l’économie et l’environnement

Le baobab commence à être replanté dans plusieurs pays d’Afrique. Les baobabs du genre Adansonia suscitent de nouveau l’intérêt de l’industrie agroalimentaire grâce aux bienfaits de son fruit et plus précisément de sa pulpe. Les produits à base de pulpe de baobab commencent à se multiplier et à trouver des débouchés bien au-delà de l’Afrique. On trouve des confitures, des chocolats, des bonbons, du jus de fruit et des yaourts, tandis qu’au Japon vient de apparaître le « Pespi Baobab ». Contrairement à certaines plantations d’espèces introduites en Afrique pour l’agroalimentaire ou à l’agro carburant, le baobab est un arbre qui existe déjà sur le continent et sur la Grande Ile et ne risque pas de détruire les écosystèmes.

Outre que l’arbre du baobab est un formidable réservoir d’eau pouvant retenir jusqu’à 100.000 litres qui peut être récupéré dans son tronc sans détruire l’arbre, en Afrique et à Madagascar, les services rendus par le baobab sont déjà connus depuis longtemps. La pulpe du fruit est utilisée dans la médecine traditionnelle pour combattre la fièvre, les douleurs et la diarrhée. Elle est riche en vitamine B1, B2, B3, en calcium et surtout en vitamine C : 2500 à 3000 mg/kg, soit six fois supérieure à celle contenue dans une orange. Elle contient des acides qui peuvent être utilisées pour faire coaguler le lait pour faire du yaourt. A Madagascar, elle est très connue pour ses vertus anti-rides dans le cosmétique à base de plante. Enfin, dans certaines parties d’Afrique, la pulpe de baobab est brûlée pour fumiger les insectes qui parasitent le bétail domestique.

Pourtant, le baobab pourrait être en danger

Cet arbre géant est gorgé d’humidité et donc ne brûle pas et ne peut servir de bois de chauffage. De plus, il a une forte capacité de régénération : il suffit qu’un petit nombre de racines soient conservées ou que quelques branches soient enterrées, pour qu’il repousse à nouveau. Il n’a donc aucune raison de disparaître, pourtant, il est en danger. Depuis des années, en Afrique comme à Madagascar, qui abrite six espèces endémiques, les jeunes baobabs deviennent de moins en moins nombreux et de moins en moins robustes.

L’Adansonia digitata, le baobab d’Afrique est présent dans 31 pays africains dans les régions les plus sèches du Sud Sahara jusqu’aux forêts à Madagascar. C’est l’espèce la plus répandue et la mieux étudiée en Afrique. L’Adansonia grandidieri, mesurant de 30 à 40 mètres est le plus imposant des baobabs. C’est celui qui forme la célèbre allée des baobabs de Morondava. Si la floraison peut se prolonger pendant 6 semaines de novembre à décembre et sporadiquement au cours de l’année, la durée de vie des fleurs est très courte. Les fleurs commencent à s’ouvrir vers la fin de l’après-midi, s’ouvrent complètement en soirée et tombent le lendemain à l’aube. Elles ne durent donc que 12 heures. De plus, le nombre de fleurs par arbre peut être très réduit et varie de 1 à 50 par jour. Cette particularité donne aux animaux nocturnes un rôle vital à la reproduction du baobab. Les fleurs émettent une odeur qui attire en particulier les chauves-souris qui vont jouer ainsi le rôle important de pollinisateur. Avec leurs griffes, elles s’accrochent quelques secondes à la corolle pour recueillir le nectar. A Madagascar, en plus des chauves-souris frugivores, les lémuriens jouent un rôle important dans la pollinisation. La survie des baobabs va donc de paire avec celle des chauves souris et des lémuriens. Ces deux animaux sont pourtant en danger à cause de la déforestation, de la fragmentation et la destruction de leurs habitats et de la chasse. Un phénomène nouveau vient s’ajouter à ces dangers en ce qui concerne la chauve souris : c’est la collecte de guano qui fait rage actuellement et dont on ne sait encore rien sur l’impact réel sur les écosystèmes et la survie des chauves souris.

Une nouvelle reconnaissance économique pour un arbre millénaire

La pulpe de baobab a obtenu l’agrément « Nouvel aliment » en 2008 au sein de la Communauté Européenne, après la démarche de l’association PhytoTrade Africa. Cet agrément ne concerne à ce jour que l’espèce Adansonia digitata. Fin juillet 2009, la FDA (Food and Drug Administration) aux Etats-Unis a accordé ce statut à la pulpe produite par la société Baobab Fruit Company Senegal. Le scientifique Sébastien Garnaud s’est spécialisé dans l’étude et la conservation de cet arbre en Afrique et à Madagascar. Il a créé l’association Inecoba (Institut pour l’étude et la conservation du baobab) et recense les nouveaux produits dérivés, qui vont peut être changer le destin de l’arbre. Un nouveau marché, qui rentre tout à fait dans le cadre d’un développement économique local durable et la reconstruction d’écosystèmes, semble s’ouvrir et Madagascar devrait pouvoir pleinement en profiter. En effet, il n’y a aucune raison pour que dans la Grande Ile où la consommation de pulpe de fruit pour faire des jus de fruits est déjà largement rentrée dans les mœurs, le développement de l’exploitation du fruit de baobab endémique ne fasse pas l’objet de recherches plus poussées. On estime que les baobabs sont prêts à produire des fruits entre 8 et 23 ans. Un baobab produit en moyenne 200 kg de fruits mais la production en est très fluctuante voir même absente certaines années. Une technique de greffage mise au point au Mali a permis non seulement d’obtenir des plants appropriés pour la production de fruit dès la troisième année mais elle a conduit également à des arbres plus petits, ce qui facilite la récolte des fruits. En effet la croissance en hauteur des baobabs est de l’ordre de 0,8 à 2 m par an.